Débat électoral sur l’enseignement supérieur

Analyses politiques et sociales.
Débat électoral sur l’enseignement supérieur

Mardi 18 septembre avait lieu le débat électoral sur l’enseignement supérieur organisé par l’AéESG-UQAM à l’Agora Hydro-Québec. Cinq partis ont délégué leur candidat·e afin de discuter de financement des universités, de coupures, de gouvernance, d’étudiants autochtones et internationaux, de services aux étudiant·e·s, de harcèlement sexuel, de santé psychologique, de compensation des stages, de la TÉLUQ et d’eCampus. Embargo vous présente ici un résumé du débat, reprenant l’ordre original des réponses pour les deux premières questions, et une synthèse pour la suite. Il est toujours possible de revoir l’intégrale du débat diffusé par CHOQ en vidéo et en balado.

Étaient présent·e·s, de gauche à droite

Parti Vert du Québec (PV)

Alex Tyrrell, chef du Parti Vert du Québec, activiste et écosocialiste, candidat dans Verdun

Parti québécois (PQ)

Carole Poirier, porte-parole en matière d’éducation primaire et secondaire, de persévérance scolaire et d’éducation aux adultes, députée sortante d’Hochelaga-Maisonneuve

Parti libéral du Québec (PLQ)

Hélène David, ministre sortante de l’Enseignement supérieur et de la Condition féminine, députée sortante d’Outremont

Coalition Avenir Québec (CAQ)

Jean-François Roberge, porte-parole en matière d’éducation, d’enseignement supérieur, de recherche, de science et de jeunesse, député sortant de Chambly

Québec solidaire (QS)

Ekaterina Piskunova, enseignante en sciences politiques à l’Université de Montréal, candidate dans Westmount-Saint-Louis

Sujet 1 — Financement

1. Financement des universités
par AéESG/CHOQ.ca

Question : Sous-financement et coupures sont le quotidien des universités québécoises depuis plusieurs années, quelle est la vision de votre parti quant au financement des universités et la multiplication des frais institutionnels obligatoires (FIO) ?

Jean-François Roberge, CAQ

Admettant d’emblée le « sous-financement » du réseau, M. Roberge élargit le constat aux collèges et aux cégeps. Il s’explique : « Y’a un consensus là-dessus depuis 2012 », une sorte d’ « électrochoc » sociétal qui a su révéler le problème du financement de l’enseignement supérieur, sans toutefois qu’un commun accord soit trouvé sur les moyens d’y remédier. « On s’est fait avoir les deux dernières fois », blâmant le PQ et le PLQ d’avoir successivement renié leurs promesses une fois au pouvoir ; Mme Marois, qui s’est fait élire au PQ en 2012 en portant le carré rouge et en tapant de la casserole, a ensuite effectué 3 rondes de coupures du réseau universitaire en 18 mois et 2 budgets ; M. Couillard, au PLQ en 2014, s’est engagé durant la campagne à financer le réseau de l’éducation à 3,5% par année — c’eût été un « investissement » selon M. Roberge, car légèrement au-delà des coûts de système —, puis s’est finalement désisté en 2014 et en 2015. Il rappelle que la stratégie de la CAQ sur le refinancement n’est pas de gel, mais plutôt l’indexation des droits de scolarité actuels combinée à « une amélioration de l’accessibilité via la bonification de l’aide financière aux études (AFE) » et à une révision des dépenses admises à l’AFE. Il invite également à regarder « ce qui s’en vient », quitte à oser revoir la manière de financer, à trouver un « meilleur financement », et souligne l’initiative du PLQ en ce sens, même s’il la considère comme une œuvre inachevée. « Pis au cégep, faut changer carrément la formule », lance-t-il avant de conclure être l’allié d’un financement des études à la fois efficace et accessible.

Alex Tyrrell, PV

Appuyant la gratuité scolaire, M. Tyrrell affirme défendre l’accessibilité pour des questions de justice et d’inclusion sociales, afin que les étudiant·e·s aux revenus les plus modestes aient accès aux études, sans que le fardeau de l’endettement ne les « empêche de contribuer à la communauté ». Il souhaite parler des frais accessoires, des congés au travail et de la conciliation travail-études, notamment. Il dénonce les coupures et l’austérité néolibérales, alléguant que l’éducation est de moins en moins valorisée au Québec. Il propose donc de réinvestir rapidement en éducation, dans le cadre d’un projet de société plus large, un programme écosocialiste conciliant respect de l’environnement et systèmes d’éducation et de santé entièrement publics — en offrant davantage de bourses aux étudiant·e·s, en veillant à leur logement, aux dépenses scolaires et à la gratuité du transport. Le PV appuie la construction de 50 000 logements sociaux par année, car le logement ne devrait pas dépasser 20% du revenu selon lui. Il s’oppose à l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers faite par le PLQ, et salue l’assouplissement de la position de la CAQ sur l’indexation, car « en 2012 François Legault voulait être encore plus dur sur les étudiants que Jean Charest ».

Ekaterina Piskunova, QS

S’adressant directement à la foule, Mme Piskunova commence par dire que son parti est tourné vers l’humain et non l’institution, vers l’investissement plus que la dépense. En ce qui concerne le financement de l’éducation, elle rappelle la proposition clé de QS : « la gratuité scolaire, du CPE jusqu’au doctorat ». Enseignante et mère de deux enfants, tous les trois à l’université, elle dit avoir vécu les coupes de près, estimant bien comprendre le problème du fardeau étudiant individuel mais aussi sociétal, qu’il soit lié à la surcharge de travail ou à l’endettement, souvent au détriment de la qualité des études. C’est pourquoi Mme Piskunova présente la gratuité scolaire comme une condition sine qua non du progrès social, citant l’Allemagne et la France comme exemples, et qu’elle insiste sur l’importance de la pensée critique dans l’espoir que l’on cesse d’y voir un projet impossible, une licorne ou une utopie. Elle énumère quelques idées de QS pour un financement global des universités : augmentation et révision des mécanismes de financement, réinvestissement dans les fonds de recherche (indispensables au fonctionnement des universités), consolidation du réseau de l’Université du Québec (UQ), correction des inégalités entre les régions. Pour illustrer son propos, elle avance que « l’accessibilité scolaire au Québec, après les années de coupe, est à peu près égale à [celle de] Terre-Neuve et Labrador » ; une honte selon elle, considérant les quatre universités à Montréal seulement. Elle conclut en citant Manon Massé, qui souhaite « renouer avec l’esprit de la Révolution tranquille » en éducation.

Hélène David, PLQ

Mme David, qui défend son mandat comme ministre de l’Enseignement supérieur (2016-2018) sortante, dit que si le bilan libéral est si positif « le 2 octobre au matin », ce sera grâce à sa bonne gestion des finances publiques, confirmée par la vérificatrice générale (VG) dans son rapport. Cette fois-ci, pas de dépenses et de crédits cachés, et l’argent sera au rendez-vous, nous assure-t-elle. Justifiant les coupes libérales de 2014-2015 par une mauvaise gestion du PQ (2012-2014), elle n’ « ose presque pas » dire publiquement que « les cégeps on eu un peu moins » cette année, car « ils ont eu d’une autre façon pis en d’autres moments », mais rappelle que les universités ont obtenu 173 M$ (5,9%) additionnels en 2018, que 367 M$ supplémentaires sont prévus pour 2021-2022, et que tout est provisionné pour 5 ans. Elle insiste : l’AFE est le programme le plus généreux au Canada, le Québec a les deuxièmes droits de scolarité les plus bas au pays, et la gratuité scolaire est présente de facto pour le tiers (50 000) des étudiants universitaires, non pas en prêts mais bien en bourses. La situation relativement enviable des finances publiques québécoises le permet, mais elle prévient toutefois de l’incertitude financière à l’internationale, au sud, à l’est comme à l’ouest. Référant à la pénurie de main-d’œuvre, thème phare de la campagne libérale, Mme David voit les universités en régions comme un moteur économique important, se disant « particulièrement fière » de sa nouvelle politique de financement des universités, qui redistribue les budgets plus équitablement entre les régions et les grands centres. Comme nouvelles mesures, elle cite les augmentations à l’AFE pour les étudiants monoparentaux, et « l’avion payé » pour les étudiants autochtones, donnant suite aux efforts de sensibilisation de l’Union étudiante du Québec (UEQ).

Carole Poirier, PQ

Confirmant que la décision du PQ fut d’indexer les frais de scolarité suite aux manifestations des carrés rouges, à l’élection de Mme Marois en 2012 et au Sommet sur l’enseignement supérieur de 2013, Mme Poirier répond à ses collègues du PLQ et de la CAQ qu’aujourd’hui, avec leurs positions de l’époque, « on serait à 1 900 $ au lieu de 1 200 $ » en droits de scolarité. Elle poursuit avec les engagements péquistes : « une gratuité scolaire effective » rehausserait le seuil de contribution du salaire d’un parent ou d’un conjoint de 53 000 $ à 75 000 $ pour être admissible à l’AFE ; le plafonnement des frais afférents limiterait leur part croissante dans la planification budgétaire des universités depuis 20 ans (objet d’un récent reportage), et rappelle que le PQ les avait plafonnés en 2013 ; un bouclier budgétaire (déposé comme projet de loi) viserait à stabiliser les budgets des universités et de l’éducation en général, afin de cesser le « yoyo budgétaire ». Le principe du bouclier est de prévoir les coûts de système à l’avance (éducation, petite enfance et protection de la jeunesse) en confiant à la VG le mandat de conseiller leur planification, pour éviter que les budgets déjà affectés soient amputés de manière partisane ou irrégulière. « Lorsqu’on a négocié des conventions collectives à l’avance et pour lesquelles on a prévu justement des sommes supérieures au montant que le gouvernement verse, ben y faut aller chercher l’argent à l’intérieur de nos enveloppes budgétaires », reproche Mme Poirier au PLQ.

Sujet 2 — Gouvernance

2. Gouvernance des universités
par AéESG/CHOQ.ca

Question : Les médias ont exposé plusieurs situations de mauvaise gestion qui ont fait la une dans les dernières années (îlot voyageur, salaire de la haute direction…). En ce sens, comptez-vous mettre en place un Conseil des universités (CU) ? Quelles mesures de reddition de compte voulez-vous mettre en place vis-à-vis des administrations universitaires ?

Hélène David, PLQ

Sur la gouvernance, Mme David dresse d’abord une interprétation schématique des instances institutionnelles — piliers académique et administratif, enseignants, CA, Conseil académique, Assemblée universitaire, Commission des études, etc. —, parle de l’interrelation entre ces instances, tente un bref retour au Moyen-Âge pour enfin sous-entendre que la collégialité d’antan fait aujourd’hui place à un monde où « les universités ont de plus en plus de responsabilités et sociales et économiques ». Elle note que le volet de la recherche a pris de l’ampleur au fil des ans : « Les professeurs qui sont engagés maintenant viennent avec des laboratoires, y veulent des étudiants gradués, y veulent des espaces de recherche, etc. Donc ça s’est complexifié énormément. » Sur l’éthique des hauts dirigeants, elle trouve malheureux que des abus aient entaché la réputation de l’ensemble des universités, mais se défend d’avoir agi rapidement avec une règle budgétaire : encadrement du salaire des hauts dirigeants et de leurs conditions salariales dites « périphériques », fin des cinq années de salaire protégées, des voitures de fonction « souvent décriées » (qui seront remplacées par une allocation de déplacement), fin des frais d’hypothèques, des conseils financiers, des services de domestiques, etc. Elle réitère donc avoir fait « une très bonne job de ce côté-là », et termine avec une récente annonce d’un million de dollars pour le Conseil supérieur de l’éducation (CSE), avec une nouvelle présidente, Maryse Lassonde, et réitère sa volonté de créer une Commission des universités avec Claude Corbo, nommé au CSE.

Ekaterina Piskunova, QS

Mme Piskunova réitère sa déception ; elle trouve malheureux le réflexe de patcher là où ça coule et les solutions à court terme, alors qu’il faudrait selon elle changer de priorités, et trouver des solutions plus générales : « On n’est pas pour l’instant capable de sortir de la boite décisionnelle ». Ne pas considérer l’éducation comme un investissement mais comme une dépense ou comme un coût, rime à ses oreilles avec coupe. Elle dénonce d’ailleurs le double standard au moment fort de l’austérité : alors que les étudiants subissaient des réductions dans l’offre de cours, « les salaires des hauts dirigeants des universités » étaient maintenus. QS prône donc un changement démocratique de la gestion, de type « bottom-up », en incluant le personnel et les étudiant·e·s dans les CA des universités. Le parti souhaite aussi donner à la VG le mandat d’évaluer la mise en œuvre de cette gestion participative en créant une Commission consultative, afin de stabiliser l’offre de cours et de réduire les modes de gestion qui accentuent la précarité des étudiant·e·s et du personnel. Mme Piskunova invite à réfléchir à la mission même de l’université, « qui est le lieu de la construction des connaissances », et qui tend selon elle à suivre les voies du marché et de l’entreprise privée, ce qui crée un problème sociétal fondamental. Elle rappelle que dans cette logique, il est beaucoup plus facile pour les facultés de pharmacologie ou de médecine d’obtenir du financement, car d’autres domaines — services ou travail social, philosophie ou sociologie, entre autres —, n’ont pas accès aux mêmes subventions, privant la société de ces chercheurs et de ces méninges sur les problèmes et les solutions du futur.

Carole Poirier, PQ

Sur ce sujet, Mme Poirier questionne l’intention de Mme David de créer le tant attendu Conseil des universités, dans une longue chronologie des faits : 26 février 2013, fin du Sommet sur l’enseignement supérieur, le PQ confie à Claude Corbo la réalisation d’un rapport sur la mise en place d’un Conseil des universités ; 27 juin 2013, la première recommandation du rapport Corbo est de créer ledit Conseil ; étude des crédits de 2014-2015, le ministre Bolduc (PLQ) manifeste son intention de déposer un projet de loi sur le sujet ; 3 septembre 2016, on redonne le mandat à Claude Corbo de produire un rapport, et il retourne en consultations ; 9 septembre 2016, Mme David dans La Presse réitère sa volonté de créer un Conseil des universités et y ajoute un Conseil des collèges ; 1er mars 2017, première recommandation du nouveau rapport Corbo, « Devinez ? Création d’un Conseil des universités » ; étude des crédits 2017-2018, Mme David confirme que « ça s’en vient » ; 1er septembre 2017, lettre ouverte du président de la Fédération des professeurs d’université, Jean-Marie Lafortune : « Comment expliquer le silence depuis lors autour de ce projet ? La démarche n’était-elle finalement destinée qu’à détourner l’attention (…) ? » Puis elle conclue qu’ « on en est encore là, y’en a encore pas de Conseil des universités ». Enfin, sur la volonté du PQ que les universités à charte soient soumises à la VG, l’ensemble du réseau UQ étant déjà sous son égide, elle mentionne que le PLQ a battu leur projet de loi.

Interpelée directement, la ministre obtient un droit de réplique

Hélène David, PLQ

Pour sa défense, Mme David répond qu’ « on ne dit pas ce qu’on veut » dans un Conseil des universités, et qu’on ne discute surtout pas de l’avenir du Conseil supérieur de l’éducation, sujet tabou : le CSE, « on scrappe ça ? On scrappe ce qui a été créé en 1960 en même temps que le réseau des UQ ? » lance-t-elle vigoureusement, avant de justifier la lenteur du processus : « C’est parce que je veux pas tout scrapper moi l’héritage justement du rapport Parent, et là on va aller via le CSE avec 1 M$ de plus — ça c’est 25% d’augmentation de leur budget », avec M. Corbo à la tête de la Commission des universités, au sein du CSE, en reprenant le mandat des universités dans le CSE. Elle estime avoir ainsi fait « deux bonnes pierres, un coup ».

Jean-François Roberge, CAQ

Reprochant aux libéraux d’être difficiles à suivre, M. Roberge félicite (ironiquement) Mme David pour son plaidoyer pro-CSE, avant de revenir sur le décalage entre le discours et la réalité, les « promesses brisées », ce qui d’après lui nourrit le cynisme ambiant. Il nous jure que sa motivation profonde est de sortir de ce cercle vicieux. Il rappelle aussi que la CAQ est favorable à la création d’un Conseil des universités, qu’elle est consciente de l’existence du CSE et favorable (comme le PQ) à ce que la VF puisse surveiller les universités dites « à charte ». Il revient sur la division du réseau des universités au Québec, entre d’une part le réseau de l’UQ, et d’autre part les universités à charte — Université de Montréal, Université de Sherbrooke, McGill, Concordia, etc. Il appuie le PQ pour une consolidation « organique » du réseau, sous l’égide de la VG, rappelant que de toute manière, ces universités sont indistinctement financées par de l’argent public à plus de 70%. Il juge cependant ces efforts insuffisants, et plaide pour une loi cadre afin de contraindre le gouvernement à corriger les irrégularités constatées par la VG dans son rapport, et accuse le PLQ d’avoir rapidement « tabletté » ce dernier. Il conclue qu’il est important de « protéger la liberté académique » du réseau universitaire, mais qu’ « administrativement, c’est notre argent », et donc si la VG sonne l’alarme, les élus, imputables, devraient pouvoir agir conséquemment.

Alex Tyrrell, PV

Partageant le constat de mauvaise gestion des universités au Québec, M. Tyrrell critique les privilèges, les décisions intéressées au sein des CA, les salaires élevés des recteurs et les bénéfices, alors que les chargés de cours maintiennent de bas salaires, que les emplois enseignants sont généralement précaires et que les contrats sont incertains. Il craint que tout ceci ne rende rebutante la perspective d’une carrière en enseignement supérieur. M. Tyrrell se souvient des lock-out, notamment à Trois-Rivières, qui ont fait « basculer » la recherche universitaire. Il dénonce que les CA soient partiellement gérés par de grandes entreprises et de grandes banques, et souhaite plutôt les voir constitués de gens directement impliquées, à savoir les étudiant·e·s et les professeur·e·s eux-mêmes. Il rappelle que le PV prône un désinvestissement des fonds des universités dans le pétrole et les énergies fossiles, et qu’en général, son parti juge inacceptable que la recherche soit souvent financée par le secteur privé. Ceci l’amène à se questionner sur le rôle des universités : projet de société émancipateur ou simple formation pour le marché du travail ? Sur l’éthique en recherche, il propose une politique, pour éviter par exemple la recherche miliaire à McGill. Finalement, il souhaite une réforme des commissions scolaires dans la même optique : pour des CA plus représentatifs et de meilleures conditions de travail.

Sujet 3 — Services

3. Services aux étudiant·e·s
par AéESG/CHOQ.ca

Question : Les violences à caractère sexuel sur les campus ont récemment fait l’attention d’une loi et d’une stratégie gouvernementale. La santé psychologique des étudiant·e·s est également un sujet alarmant, qu’entendez-vous faire pour améliorer le financement et le développement des services étudiants ?

Violences à caractère sexuel

Sur ce sujet, les panelistes s’entendent presque tous à l’unisson, soulignant l’initiative gouvernementale découlant du mouvement #MeToo : sensibilisation, consultations, commission parlementaire, projet de loi, etc. Mme David (PLQ) remercie le président de l’UEQ et le travail des associations étudiantes pour l’avoir sensibilisée au dossier et sur la gravité de la situation, et note que beaucoup reste à faire. M. Roberge (CAQ) aurait aimé voir les écoles professionnelles inclues dans la loi, et aurait élargit les consultations à la violence psychologique. M. Tyrrell (PV) propose : des cours d’éducation sexuelle sur le consentement, du primaire à l’université, d’interdire les relations intimes entre professeurs et étudiants durant la session (et 3 mois ensuite), d’aider les victimes d’agressions sexuelles via les CLSC, de donner plus facilement congé de travail et d’école aux victimes, et de doter les universités de politiques afin de baliser les enquêtes, car trop d’agresseurs restent impunis.

Santé psychologique des étudiant·e·s

Sur la détresse psychologique, Mme David (PLQ) remercie les conseils de la FAÉCUM ainsi qu’une étude de l’Université de Montréal sur la santé psychologique l’ayant fait réfléchir sur la détresse, les troubles anxieux, etc. Elle parle d’un chantier énorme, de consultations, mais que le temps est venu d’agir. Cherchant à rassurer le public, elle revient sur le montant de 28 M$ pour la table permanente au soutient des étudiant·e·s en besoins particuliers. Mme Poirier (PQ) note que la FAÉCUM critique le changement de gestion pour l’enveloppe des universités, qui exclut maintenant les associations étudiantes des décisions. Elle parle d’un partenariat essentiel, surtout qu’en santé psychologique, les associations (FNEC, FAÉCUM, UEQ, etc.) ont des études sur les facteurs de dégradation psychologique. Mme Poirier souligne la précarité financière comme facteur aggravant, et Mme Piskunova (QS) abonde en ce sens, parlant de stress, de loyers élevés, de conciliation travail-études, pour ensuite réaligner son plaidoyer sur la gratuité scolaire.

Compensation des stages

Au niveau des stages, Mme David (PLQ) dit avoir commencé le travail en psychologie et avec le quatrième stage en enseignement. Puis tour à tour, les représentant·e·s des quatre autres partis la félicitent, tout en jugeant la mesure insuffisante. M. Roberge (CAQ) souligne que bien d’autres stages méritent compensation, dédommagement ou salaire. Mme Poirier (PQ) juge inacceptable que des étudiant·e·s finissants travaillent gratuitement pour obtenir leur diplôme, notamment dans les hôpitaux et les écoles, et déplore que la Loi sur les normes du travail et la santé & sécurité ne s’appliquent pas. Elle aimerait revoir l’ensemble du dossier pour traiter de harcèlement, de congés parentaux et de salaires au privé et au public, car tous les stages n’ont pas besoin de la même compensation de l’État, citant les organismes communautaires qui n’ont pas les moyens de payer leurs stagiaires. Mme Piskunova (QS) et M. Tyrrell (PV) souhaitent aussi voir l’élargissement de la compensation des stages, mais Mme David (PLQ) se défend que tous les stages ne sont pas égaux, et que certains méritent plus que d’autres. Elle parle d’une « brèche travaillée très très fortement » par le PLQ dans ce dossier, qui continuera à s’élargir peu importe qui sera ministre de l’Enseignement supérieur.

Questions du public

Questions du public
par AéESG/CHOQ.ca

Étudiants étrangers

Avant de poser sa question au micro, un étudiant cite Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal, au sujet de la dérèglementation des droits de scolarité pour les étudiants internationaux : « C’est une mauvaise solution à un vrai problème. S’en remettre aux étudiants étrangers pour financer nos universités, c’est attirer des jeunes sur nos campus pour des motifs plus économiques que proprement universitaires. C’est un aveu d’échec. D’ailleurs, dans les autres provinces, certains commencent à s’inquiéter de la trop grande dépendance des établissements universitaires aux revenus engendrés par de forts contingents d’étudiants venus d’ailleurs ». L’étudiant demande ensuite à la ministre si elle entendait reculer ou imposer un moratoire, et invite les autres partis à répondre.

Mme David (PLQ) se défend de ne pas encore avoir adopté la mesure, qui est prévue pour mai 2019, afin que les universités se donnent le temps d’y réfléchir, et mentionne la création de « deux tables historiques » : l’une avec les recteurs, l’autre avec les associations collégiales et universitaires, toutes deux chapeautées par le ministère de l’Enseignement supérieur. Elle se réjouit que l’on s’intéresse enfin au dossier, une nouvelle préoccupation étudiante selon elle, ces droits étant dérèglementés depuis 10 ans. Elle parle d’une mesure à 23 M$ par an, 9 000 $ d’argent public par étudiant·e international·e supplémentaire, ce qui permettrait d’en accueillir tout au plus 2 500, réduisant la facture des étudiants étrangers, tout en permettant de financer les universités. Les universités anglophones, qui n’ont « pas de problème de recrutement d’étudiants étrangers », n’auraient pas droit à ce financement, la mesure visant surtout le réseau UQ et les universités francophones en régions.

Mme Poirier (PQ) parle d’une « très mauvaise décision » de déplafonner les frais de scolarité des étudiants internationaux dans la politique de financement du PLQ. Cela créera selon elle un grand déséquilibre sur la « répartition et [la] péréquation » entre les universités.

M. Roberge (CAQ) voit un « effet pervers » dans l’écart grandissant entre les universités qui peuvent ou ne peuvent pas accueillir davantage d’étudiants étrangers et charger des frais élevés. Il parle d’un plus grand bassin pour les universités anglophones, et de lacunes dans les accords bilatéraux de la francophonie. Par exemple, avec la France et la Belgique, les ententes proscrivent de demander davantage, ce qui limite les possibilités de l’UQAM, de l’UQAC ou de l’Université de Sherbrooke, entre autres. Il prévient aussi de « l’attrape » : le 9 000 $ promis ne serait disponible que pour chaque étudiant-e international-e supplémentaire, et donc seulement si le seuil annuel de l’université dépasse celui de 2018-2019. La condition pour obtenir ce financement serait donc liée à la croissance du recrutement à l’international, et son calcul serait établi sur la part de cette croissance.

M. Tyrrell (PV) dit que son parti s’oppose à l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers. Il souhaite voir davantage de bourses leurs étant octroyées, sans quoi cela pourrait représenter une barrière à l’accès aux études.

TÉLUQ et eCampus

(à venir…)

Conclusion

(à venir…)

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