Les femmes + la culture du viol + les médias, ça donne quoi?

Luttes féministes et condition féminine.
Les femmes + la culture du viol + les médias, ça donne quoi?

Photo: Marianne Fenon.

La rentrée scolaire est souvent synonyme de fierté et d’accomplissement personnel. Toutefois, pour l’année 2016, on a beaucoup plus parlé d’achalandage et de dérapages médiatiques. En effet, un long dossier de presse au sujet de la culture du viol s’est amorcé en début d’année scolaire et ne semble pas vouloir s’essouffler, notamment en raison de l’élection présidentielle américaine et des nombreux scandales entourant les propos du nouveau président à l’égard des femmes (Blanc, 2016). De nombreux sujets, entre autres celui de la culture du viol, ont su faire couler de l’encre aussi au Québec, et encore plus à Montréal. Cette année, l’agitation des médias semble reproduire le phénomène de 2014, le hashtag #AgressionNonDénoncée, avec dans sa mire, cette fois, la culture du viol. Le sujet est d’actualité, j’oserais même dire « à la mode » en raison du grand nombre d’articles rédigés sur cette question. Néanmoins, personne ne partage la même opinion sur le sujet, c’est le moins qu’on puisse dire. Voici donc une analyse de la place des femmes au sein de la couverture médiatique en ce qui concerne la culture du viol, selon une posture féministe.

Quels sont les articles?

L’automne 2016 ressemble fortement à celui de 2014, le mot-clé #StopÀLaCultureDuViol se substituant à #AgressionNonDénoncée. D’abord, les faits : les évènements qui se sont produits à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) ont ouvert le bal. Pour rappeler brièvement la situation, les initiations du département de communication consistaient à accomplir une série d’épreuves sexistes et dégradantes à l’égard des femmes. Dans l’un des « Douze travaux d’Hercule », on pouvait retrouver parmi les épreuves « prendre une photo de seins ou de sous-vêtements » (1 point), « embrasser une fille » (1 point), « participer à un concours de wet t-shirt » (2 points), etc. (Branch, 2016). Plusieurs étudiantes et étudiants ont été choquéEs d’apprendre que de telles initiations se déroulaient encore dans nos universités.

Huit articles touchant au thème de la culture du viol ont été choisis et analysés dans le but de voir quelle y était la place des femmes. Deux articles, ceux de Hébert et de Paquet, constituant le deuxième lot (voir section Articles de journaux de la bibliographie), concernent la série d’agressions sexuelles survenues dans la nuit du 15 au 16 octobre 2016 à l’Université Laval (Cloutier, 2016). Plus précisément, il est question de la jeune Alice Paquet, qui, dans le but d’apporter son soutien aux victimes, a énoncé des propos qui n’ont pas pris les propensions désirées (Paquet, 2016). La crédibilité de la jeune femme a été remise en question, et plusieurs ont dénoncé la culture du viol qui s’est reproduite à travers ce qui a été dit sur le sujet dans l’espace médiatique. Le dernier lot d’articles concerne la culture du viol au sens propre. En d’autres termes, il porte sur ce qui est connu et méconnu de cette culture. Certains auteurs semblent mettre en doute la véracité du fléau. Il ne semblerait pas « exister » pour tous ou pour toutes. En bref, les articles sélectionnés touchent tous de près ou de loin à ce problème observé dans la société québécoise.

La culture du viol : c’est quoi déjà?

D’abord, il est important de comprendre et de définir ce qu’est la culture du viol avant d’entrer dans le vif du sujet. C’est un ensemble d’idées et de phénomènes qui contribuent à minimiser les actes commis, à responsabiliser la victime ainsi qu’à banaliser l’importance de dénoncer une agression (CALACS). Ces phénomènes contribuent également à propager, à maintenir, à populariser et à multiplier les éléments qui constituent la culture du viol. Celle-ci peut, plus concrètement, prendre la forme de propos diffamatoires, dégradants et méchants, accusant généralement les victimes, tels qu’« elle l’a cherché » (Agence QMI).

C’est un ensemble d’idées et de phénomènes qui contribuent à minimiser les actes commis, à responsabiliser la victime ainsi qu’à banaliser l’importance de dénoncer une agression (CALACS).

Nous verrons que ces comportements témoignent bien souvent d’un manque d’éducation. En d’autres mots, la culture du viol est une forme de violence sexuelle d’abord parce qu’elle consiste à discréditer ce que la victime a vécu, mais également parce qu’en englobant diverses formes de banalisation des comportements à bannir (images dégradantes, violence physique ou sexuelle, silence, insultes, et bien plus encore), elle reproduit les violences auxquelles participent ces comportements. On pourrait comparer ce phénomène aux types de violence conjugale, ce n’est pas parce qu’une personne ne s’en est pas pris physiquement à sa partenaire ou son partenaire que ce n’est pas de la violence conjugale. Il existe de la violence psychologique, économique, sociale, etc. Le même genre de principe s’observe avec la culture du viol : ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’actes physiquement violents qui sont commis que nous ne pouvons pas la considérer comme telle.

Les évènements de l’UQO

Reprenons d’abord la première partie des articles (ceux qui concernent les évènements de l’UQO). Un seul des huit, celui de Sylvie Branch, porte sur les évènements survenus à l’UQO. D’autres abordent le même sujet, mais appuient la thèse selon laquelle la place laissée aux femmes (ou à ce qu’elles disent) au sein de ces articles n’est pas bien grande. Bien que plusieurs professeurEs, auteurEs et journalistes semblent avoir dénoncé le caractère sexuel associé aux initiations des étudiantes et des étudiants en communication, certains textes n’offrent aucune place aux femmes alors qu’elles sont au cœur du sujet. Elles en font partie à cause de la nature des épreuves d’initiation dénoncées : jeux à caractères sexuels (photos de seins, par exemple) valant des points pour leurs camarades de communication. D’un angle plus déplorable, l’article de Sylvie Branch ne laisse malheureusement aucune place aux femmes. On peut y lire d’ailleurs que la ministre de l’Enseignement supérieur a dénoncé ces épreuves, mais sans plus. Il est dommage de constater que les personnes directement visées par l’initiation à l’Université ne peuvent pas s’exprimer sur la place publique en dehors des réseaux sociaux. Même si ceux-ci constituent une plateforme où il est facile de s’exprimer et de propager l’information ou la désinformation, une grande attention est accordée aux presses québécoises. Considérant qu’environ 72 % de la population québécoise consulte des quotidiens, il aurait été intéressant de voir comment les étudiantes de l’UQO ont réagi, comment elles se sont senties et quelles étaient leurs opinions face aux initiations du département de communication qui ont eu lieu cet automne (2016).

« Pauvre Alice » (Hébert, 2016)

Poursuivons avec les articles qui concernent Alice Paquet. Jeune étudiante dans la vingtaine, elle porte son soutien aux victimes des agressions survenues à l’Université de Laval lors de la vigile organisée par la suite. Pour résumer brièvement ses propos, elle a avoué avoir été violée à deux reprises par Gerry Sklavounos, député libéral de Laurier-Dorion, et les médias se sont rapidement emparés de l’affaire. Le premier article, écrit par elle-même, est celui qui laisse le plus de place aux femmes. Concernée par le sujet, elle affirme que son témoignage avait pour but premier de dénoncer la culture du viol, de montrer aux victimes qu’elle les croyait et de leur apporter son appui. Elle y dit également que plusieurs ont « fouillé » dans sa vie personnelle dans le but de banaliser, de minimiser et de discréditer l’agression dont elle a été victime. Ce qu’elle dénonce à travers ces actes, c’est le fait que sa prise de parole publique ait pris une toute autre forme. C’est-à-dire que des éléments mêmes de la culture du viol, comme blâmer la victime plutôt que ne rien dire, se sont retournés contre elle. Plus clairement, Alice Paquet a été non seulement victime d’agression sexuelle, mais également de la culture du viol. Le deuxième article, quant à lui, est complètement différent. Ce dernier est écrit par un homme et a pour titre Pauvre Alice… L’auteur n’y accorde pas beaucoup de place aux femmes, et dans ce cas-ci, à Alice Paquet. Il déplore la situation de la jeune femme en mettant en doute l’authenticité de son témoignage. Il soutient d’ailleurs l’idée qu’il serait difficile de prouver la véracité de l’agression sexuelle en raison des différentes versions de l’histoire partagée par la victime. Donc, un certain espace est accordé à Alice dans cet article, toutefois, il est utilisé afin d’en parler négativement. D’un côté, on dénonce la culture du viol, de l’autre on la reproduit.

Et à l’Uni, c’est comment?

La dernière partie du dossier de presse provient du milieu universitaire. Deux de ces articles sont de Martine Delvaux, professeure au département de littérature de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Très impliquée dans le milieu féministe, la professeure connait bien tout ce qui touche aux femmes (UQAM : Martine Delvaux). Dans La culture du viol, ce n’est pas de la fiction et Que la honte change de côté, elle dénonce le traitement réservé à la culture du viol dans l’espace public. D’abord, elle critique les boy’s club, qui tendent à encourager la perpétuation de la culture du viol. La logique de ceux-ci renvoie à la chambre fermée, au huis clos, à une sorte de « caucus-tanière » où hommes et garçons peuvent partager tout ce qu’ils veulent, sans risquer d’être interrompus par quiconque, surtout par les femmes. Alors que d’un côté, on laisse les hommes tranquilles (qui plus est, le plus souvent dans les sphères d’influence et de pouvoir) dans un espace qui leur est exclusivement réservé; les femmes n’ont aucun espace de ce genre et lorsqu’elles en réclament, elles se font rabrouer.

Alors que d’un côté, on laisse les hommes tranquilles (qui plus est, le plus souvent dans les sphères d’influence et de pouvoir) dans un espace qui leur est exclusivement réservé; les femmes n’ont aucun espace de ce genre et lorsqu’elles en réclament, elles se font rabrouer.

On leur demande même de rester sur leurs gardes en permanence et de bien vouloir « fermer [leurs] cuisses pour qu’on n’entre pas à l’intérieur » (Delvaux, 2016). L’idée derrière les propos de la professeure est qu’on enseigne et conseille aux femmes de se cacher, de porter des vêtements qui ne sont pas trop révélateurs, etc. ; alors qu’on autorise aux hommes d’échanger entre eux sans aucune contrainte (Delvaux, 2016). Ce qui est choquant, c’est de voir que les hommes disposent de beaucoup plus de liberté que les femmes dans plusieurs sphères de la vie alors qu’ils sont, dans la plupart des cas, les auteurs d’agressions et de crimes à caractères sexuels. Pourtant, ce ne sont pas leurs comportements « animaliers » qu’on « domestique », mais plutôt ceux des femmes, à qui l’on conseille de prendre les précautions nécessaires, instaurant par le fait même un climat de peur (Delvaux, 2016). Martine Delvaux affirme que la culture du viol existe réellement et qu’il ne faut pas remettre son existence en question. Elle déplorait la situation alors que cet automne, chaque semaine était synonyme de nouveaux articles sur la culture du viol, les agressions sexuelles ou les évènements de l’UQO. Comme elle l’explique bien, nous ne faisons pas face à une épidémie de viols, mais bien à une « épidémie [de] mépris » face à la culture du viol (Delvaux, 2016). En dénonçant cette inaction de la part des gouvernements, elle prend place en tant que femme au sein de la presse québécoise afin d’énoncer son point de vue.

On peut également lire, dans un article du Devoir, Rachel Chagnon, juriste et professeure de sciences juridiques à l’UQAM. Elle y dénonce la présomption d’innocence dans les cas d’agressions sexuelles. Effectivement, au Québec, le Code criminel fédéral indique que l’accusé d’un crime à nature sexuelle est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire (Educaloi). Toutefois, les victimes d’agressions sexuelles ne feraient de fausses accusations que très rarement (dans 2 % des cas), selon le Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS). La présomption d’innocence devient alors problématique, dans la mesure où la victime doit passer par le lourd processus de plainte, pendant que l’accusé reste innocent jusqu’au procès. C’est d’abord une situation difficile à vivre pour la victime sachant que son agresseur est toujours en liberté, mais surtout injuste puisque, comme l’explique Rachel Chagnon, la présomption d’innocence « ne vient qu’amplifier les préjugés contre la victime » (Le Devoir, 2016). Il est déplorable de constater que les systèmes juridique et éducatif n’ont rien à apporter aux victimes d’agressions sexuelles.

Ce qu’en disent les hommes

Les articles de Diouf et du Devoir portent sur les inconduites et les comportements qui construisent la culture du viol. Leurs auteurs soutiennent qu’il est temps que l’on change la culture du viol. Ayant remarqué que, dans mon entourage, plusieurs manquent d’information sur le sujet, j’en conclus que ces personnes font partie d’une majorité chez qui les répercussions du manque d’information ou de la désinformation se font ressentir. Les universités, les parents, les amiEs et les étudiantEs font face à des situations où elles et ils doivent composer avec la culture du viol sans disposer des ressources ni des informations nécessaires. Certaines personnes proposent d’insérer le sujet dans les cours d’éducation sexuelle au secondaire. Par contre, puisqu’ils ont été retirés du cursus pédagogique, cette solution ne semble pas viable (Diouf, 2016 & FCSQ, 2005).

Retour sur l’affaire Paquet

Nous voici en 2017, et encore la culture du viol est toujours un sujet répandu dans les médias. On en entend parler, plus précisément, en raison du verdict rendu au sujet des accusations d’agression sexuelle qu’Alice Paquet a portées contre Gerry Sklavounos. Elles n’ont pas été retenues, faute de preuves. Le plus désolant dans toute cette histoire est la manière dont Paquet a été traitée. Sa crédibilité a été réduite à néant, ses propos ont été détournés contre elle, on s’est servi de son passé afin de discréditer sa parole, etc.

Sa crédibilité a été réduite à néant, ses propos ont été détournés contre elle, on s’est servi de son passé afin de discréditer sa parole, etc.

On assiste à une reproduction de la culture du viol encore une fois. Les propos de la victime n’ont servi qu’à la blâmer, alors qu’on s’intéresse à la santé de l’accusé. Bien qu’elle ait refusé de commenter l’annonce du verdict, il aurait quand même été important que les médias « ne plaident pas en faveur de l’accusé ». Il est écrit dans un article du Devoir que l’ex-député a vécu un enfer depuis que la plainte a été déposée à son égard ; on rapporte même qu’il a perdu du poids (2017). Il est plus que consternant de constater que des articles qui concernent la culture du viol la reproduisent. La définition de la culture du viol des CALACS de Châteauguay explique parfaitement cette idée : « C’est de minimiser, de déresponsabiliser l’agression… de prendre en pitié celui qui l’a commise parce que ça a brisé sa vie… en oubliant que lui-même a brisé la vie de sa/ses victimes. » (CALACS). C’est à croire que la perte de poids de Gerry Sklavounos mérite plus d’attention que le viol qu’il aurait commis!

L’analyse

Comme le sujet touche davantage les femmes que les hommes, elles partagent généralement une sensibilité plus grande dans leurs propos. On peut d’ailleurs l’observer dans cet extrait de La culture du viol, ce n’est pas de la fiction : « Une culture qui crée un climat tel que la violence sexuelle (peu importe quelle forme elle prend) devient la norme et que les femmes vivent en permanence dans cet état d’exception où elles risquent, à tout moment, non seulement de subir une agression, mais de voir leur expérience démentie. » (Delvaux, 2016). L’existence de la culture du viol étant constamment remise en doute, les mouvements et programmes féministes ne semblent pas suffire à prouver sa véracité.

Dans le dernier lot d’articles (ceux qui concernent l’université), la place réservée aux femmes parait plus vaste. Pourtant, la moitié de ceux-ci sont écrits par des hommes, ce qui peut sembler paradoxal. Le viol et les agressions sexuelles, comme il a été mentionné plus tôt, sont des phénomènes qui touchent plus particulièrement les femmes, et le fait que des hommes s’approprient le sujet dans l’espace médiatique laisse présager un grand questionnement. Il est difficile de prendre position sur cette question, mais il est à la fois intéressant de s’y pencher. On pourrait se demander, par exemple, s’il faut encourager les hommes à prendre parole sur un sujet qui ne les touche pas directement, et donc qu’ils sont moins à même de comprendre. Devrait-on les laisser s’exprimer, puisqu’il s’agit non seulement d’une prise de parole, mais aussi d’une forme de soutien et d’épaulement? D’un autre côté, le fait que des hommes monopolisent ce qui se dit sur un sujet qui les concerne peu ou indirectement renvoie à la théorie du « mansplaining ».

[Faut-il] encourager les hommes à prendre parole sur un sujet qui ne les touche pas directement, et donc qu’ils sont moins à même de comprendre? Devrait-on les laisser s’exprimer, puisqu’il s’agit non seulement d’une prise de parole, mais aussi d’une forme de soutien et d’épaulement? [Ce dilemme] renvoie à la théorie du « mansplaining ».

Celle-ci soutient que les hommes ressentent le besoin constant d’expliquer aux femmes ce qu’elles devraient faire ou ne pas faire ou ce qui est le mieux pour elles, comme s’ils possédaient une meilleure position qu’elles pour faire des choix ayant un impact direct sur leurs vies (Imperatori-Lee, 2015). En bref, la place laissée aux femmes dans les articles « universitaires » est plus vaste parce que ce sont majoritairement des femmes qui ont pris la parole. Toutefois, si l’on considère l’entièreté des articles choisis, ils sont, d’une part, écrits par des hommes et, d’autre part, par des femmes, ce qui rend plus difficile la compréhension de la place accordée aux femmes. Comment savoir alors s’il s’agit d’épaulement ou de mansplaining?

Généralement, les médias choisissent leurs auteurEs, qui, à leur tour, orientent l’angle de l’information. On peut observer chez elles et chez eux, mais aussi dans certains des articles choisis, un manque d’objectivité. L’auteure Myriam El Yamani explique bien le phénomène en question :

Ce n’est pas seulement ce que disent les médias, ou leur façon de le dire qui favorise une perception stéréotypée, limitée, et faussée des femmes, c’est aussi ce qu’ils ne disent pas.

El Yamani, 1998

Bien que le texte date de quelques années, le phénomène est encore d’actualité, puisqu’il est encore observable. La différence entre les propos d’Hébert et de Paquet le démontre. Alors qu’elle dénonce le mépris à son égard sur les réseaux sociaux, Hébert parle du passé de la jeune femme et remet en question la véracité de son agression (Hébert, 2016 & Paquet, 2016).

Photo: Chase Carter

Photo: Chase Carter

Rappelons que la culture du viol est un phénomène qui progresse dans la société d’aujourd’hui (Le Devoir, 2016). Le corps des femmes, au centre des agressions physiques et sexuelles, rappelle les revendications féministes partagées lors de la deuxième vague du mouvement (Lhomond, 2000). Les femmes des années 1960 et 1970 demandaient de pouvoir disposer de leurs corps comme bon leur semblait. Ce qui veut également dire qu’elles militaient contre le viol, qui constitue une violation du corps et de l’esprit et une forme de domination des hommes sur les femmes (Lhomond, 2000). La culture du viol est grandement dénoncée par les milieux et mouvements féministes, et ses conséquences sont signalées par plus de femmes que d’hommes. Le féminisme trouve également sa place dans les interventions qui peuvent accompagner les victimes d’agressions sexuelles. L’intervention féministe serait, en effet, la plus appropriée de toutes (intervention classique, sociale, etc.), puisqu’elle mise sur l’empowerment, le développement de l’estime de soi, le potentiel des femmes, etc. (Marchand & Lalande, 2015). En plus d’être mieux adaptée pour répondre aux besoins des femmes, l’intervention féministe « s’est construite autour de la problématique de la violence faite aux femmes », le viol faisant partie de ces violences (Marchand & Lalande, 2015).

En conclusion, les articles choisis traitent tous de la culture du viol à leur façon. Qu’il s’agisse d’exemples concrets ou d’opinions, tous témoignent de l’importance du phénomène. Cependant, la place accordée aux femmes à travers cette couverture médiatique n’est pas ce à quoi on pourrait s’attendre. D’un côté, certains articles évoquent la culture du viol sans même parler des femmes alors que de l’autre, ce sont les femmes elles-mêmes qui abordent le sujet. Il serait également pertinent de se pencher sur la place réservée aux hommes dans la même couverture médiatique afin de comprendre si leur prise de parole est une forme de soutien aux femmes ou plutôt du mansplaining. En observant l’éventail d’articles, on peut conclure que nous retrouvons les deux types de paroles parmi ceux-ci. À travers cette analyse, je peux conclure que la parole laissée aux femmes dans un sujet qui les concerne en premier lieu n’est ni assez grande ni assez révélatrice de leur place au sein de la problématique. Selon mes observations, il aurait été souhaitable de voir plus de femmes prendre la parole sur cette question, en tant que communauté plus à risque de subir les crimes à caractères sexuels. Malheureusement, en d’autres termes, cette conclusion renvoie à l’idée que les femmes seraient aussi bien placées, sinon mieux que les hommes, pour parler de ces problèmes dits « typiquement masculins ». Bien que le dossier de presse se concentre principalement sur huit articles, plusieurs auteurEs semblent appuyer cette thèse.

Bibliographie


Articles de périodiques

BEACH, K., BENTON-GREIG, P., CALDER-DAWE, O., GAVEY, N., JONES, L., PICKENS, C. et SILLS, S., « Rape culture and social media: young critics and a feminist counterpublic », Feminist Media Studies, Vol 16(6), 2016, pp. 927-953.

GRUBER, A., « Anti-Rape Culture », University of Kansas Law Review, Vol 64(4), 2016, pp. 1027-1053.

IMPERATORI-LEE1↑, N., « Father Knows Best: Theological “Mansplaining” and the Ecclesial War on Women », Journal Of Feminist Studies In Religion (Indiana University Press), Vol 31(2), 2015, pp. 89-107.

LHOMOND, B. & MICHAELS, S.1↑2↑, « Homosexualité/hétérosexualité : les enquêtes sur les comportements sexuels en France et aux USA. » Journal des anthropologues, No 82-83, 2000, pp. 91-111.

MARCHAND, I. & LALANDE, C.1↑2↑, « Du genre au Québec. La résonnance dans l’intervention sociale », Le sociographe, Vol 1(49), 2015, pp. 85-94.

WALSH, S., « Addressing sexual violence and rape culture : Issues and interventions targeting boys and men », Agenda, Vol 29(3), 2015, pp. 134-141.

Articles de Journaux

Agence QMI1↑, « Révélations sur Alice Paquet », Le Journal de Québec [en ligne], 22 octobre 2016.

BLANC1↑, S., « Trump et les femmes en quelques citations », Le Soleil [en ligne], 8 Octobre 2016.

BRANCH1↑, S., « Controverse sur la culture du viol à l’UQO », Le Droit [en ligne], 9 septembre 2016.

DELVAUX1↑2↑, M., « La culture du viol, ce n’est pas de la fiction », La Presse+ [en ligne], 27 septembre 2016.

DELVAUX1↑2↑3↑, M., « Que la honte change de côté ! », Le Devoir [en ligne], 22 octobre 2016.

DIOUF1↑, B., « L’inculture du viol », La Presse+ [en ligne], 22 octobre 2016.

HÉBERT1↑2↑, M., « Pauvre Alice », Le Journal de Québec [en ligne], 24 octobre 2016.

LAPIERRE, S., « Les Universités et la culture du viol », La Presse+ [en ligne], 18 septembre 2016.

BAILLARGEON, S., « La victime, l’agresseur et la présomption de culpabilité », Le Devoir [en ligne], 22 octobre 2016.

PAQUET1↑2↑, A., « Elle n’a pas l’air d’une fille qui s’est fait violer », Le Devoir [en ligne], 24 Octobre 2016.

Documentation Web

Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de Granby1↑2↑, « La culture du viol », Cent Issues, [en ligne], Automne 2014.

Éducaloi, « Crimes et Contraventions : Droits de l’accusé pendant un procès criminel » [en ligne].

Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ)1↑, « Renouveau pédagogique » [en ligne].

Gouvernement du Québec, « Mieux comprendre les agressions sexuelles: Quelques statistiques » [en ligne].

Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS)1↑, « Mythes et réalités » [en ligne].

Université du Québec à Montréal (UQAM)1↑, « Département de littérature : Martine Delvaux » [en ligne].

ZIMMERMANN, G.-M., « C’est quoi la culture du viol? », Cultureduviol.fr [en ligne].

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